La santé mentale : un sujet tabou en Afrique
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Lorsque la maladie nous pousse dans nos derniers retranchements, que nous sommes confrontés à la douleur, la nôtre, celle de nos parents ou de nos enfants, comment réprimer l’instinct naturel de faire notre possible pour améliorer leur état ?
Dans ces situations, notre premier réflexe peut être de nous diriger sans attendre vers l’hôpital le plus proche, ou encore de rechercher dans nos placards les ingrédients nécessaires pour préparer un remède fait maison.
Mais avec les scandales désormais nombreux concernant la sécurité d’utilisation de certains médicaments, nous nous demandons parfois quelle est la meilleure option et plusieurs d’entre nous posent un regard neuf sur la place de la médecine traditionnelle africaine vis-à-vis de la médecine occidentale.
Dans la pratique, ces différentes façons de se soigner sont-elles mutuellement exclusives ? Peuvent-elles coexister après avoir été si longtemps opposées l’une à l’autre dans la conscience collective ?
Nous vous proposons d’y réfléchir ensemble dans ce nouveau point santé.
Parce qu’on a toujours fait comme ça
Connaissez-vous le proverbe “c’est la vieille marmite qui fait la bonne sauce” ? Il illustre bien la façon dont beaucoup d’africains perçoivent la médecine traditionnelle. Quand les choses la maladie nous surprend, on se raccroche à ce que l’on connaît : la tisane de Maman pour faire tomber la fièvre de notre enfant, ou encore un cataplasme à base de plantes particulièrement efficaces pour soulager une articulation douloureuse.
Au pays, la médecine traditionnelle a un côté rassurant : c’est celle qui a toujours été là, qui a été inventée par nos aînés avec des ingrédients que nous connaissons, selon des pratiques familières. C’est pourquoi beaucoup n’hésitent donc pas à consulter les tradipraticiens (accoucheuses traditionnelles, herboristes et tradithérapeutes) dont les “cabinets” pullulent aussi bien dans les campagnes que dans les grandes villes africaines.
Des praticiens occupant une place significative dans la société
Considérés comme dignes de confiance et détenteurs d’un savoir ancestral précieux, les tradipraticiens sont respectés dans leur communauté. À ce titre, on leur attribue bien souvent l’aptitude à guérir aussi bien les petits bobos du quotidien, que les maux plus graves, grâce à une approche holistique prenant en compte l’environnement social et familial dans la prise en charge du patient.
Des soins de santé encore inaccessibles pour une grande partie de la population
Malgré les progrès technologiques de ces dernières années, le système de santé est débordé par la demande en soins croissante dans plusieurs pays africains.
En effet, les établissements de soins manquent cruellement de personnel qualifié et d’infrastructures fonctionnelles, et nos proches au pays sont souvent confrontés à la dure réalité de prix élevés des soins et des médicaments (ex : Jusqu’à 15.000 FCFA pour une consultation selon un article du journal le Monde), ce qui favorise le recours à la médecine traditionnelle et la consommation de médicaments contrefaits.
En définitive, force est de reconnaître que la médecine traditionnelle reste beaucoup plus accessible, notamment dans les zones reculées du continent en manque d’hôpitaux, où elle répond aux besoins en soins de santé primaire.
Des plantes médicinales source de phytomédicaments
Dans son rapport annuel paru le 18 mai 2107, le centre de recherche botanique des Kew Gardens estimait à 28.187 le nombre de plantes aux vertus médicinales dans le monde.
En effet, en fonction du résultat recherché, les différentes parties d’une plante peuvent être utilisées à des fins thérapeutiques.
Soutenues par l’OMS dans une démarche de valorisation de la médecine traditionnelle impliquant des professionnels de santé, certaines recherches ont mis en évidence les capacités antihypertensives de plantes utilisées par les tradipraticiens pour traiter l’hypertension artérielle : Spondias mombin, Ziziphus mauritiana, Catharanthus roseus Cassia occidentalis, Rauwolfia vomitoria, Tamarindus indica, Combretum micranthum, Guiera senegalensis, Euphorbia hirta, Allium sativum, Hibiscus sabdarif, Olea europa Sclerocarya birrea et Vitex doniana.
La définition de guidelines encadrant la pratique de la médecine traditionnelle
Certains pays Africains (Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée équatoriale, le Mali, le Niger et la République centrafricaine, selon un article du journal le Monde sur le sujet) ont mis en place un cadre réglementaire encadrant la pratique de la médecine traditionnelle.
À terme, la création d’instances représentatives des tradipraticiens, l’amélioration de la pharmacovigilance et du suivi des effets indésirables, ainsi que la formation des praticiens aux interactions entre médicaments de synthèse et traditionnels pourraient également contribuer à améliorer le traitement des patients.
Et qui sait ? Peut-être qu’au fil des années, la médecine occidentale et la médecine traditionnelle africaine pourront s’enrichir mutuellement avec un objectif commun : restaurer la santé des patients.
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